
Ses cheveux détachés virevoltent et s’emmêlent joyeusement. Deux, trois mèches lui frappent les yeux, le mouvement se calque sur le rythme énergique de ses pas. Il est minuit. Peut-être plus, peut-être moins. Qu'importe, après tout, elle n’a plus véritablement d’heure ni même de calendrier. Elle évolue au milieu des ruelles en direction du Pont des Arts. Elle pourrait se lancer les yeux fermés, tant elle connaît ce chemin par cœur. Elle va, traîne sa carcasse vers le banc qu’elle a fait sien, marche sur la pointe des pieds pour éviter de déranger l’ordre silencieux qui règne aux alentours.
Allongée sur son banc, elle n’a plus aucune conscience du monde qui l’entoure. La musique pour unique compagne, elle se laisse aller, les yeux clos, la bouche entrouverte. L’air est glacial et enveloppe tout son être à mesure que celui-ci sombre. Si le poids de la fatigue ne pesait pas si lourd sur ses frêles épaules, si ses paupières ne tiraient pas tant vers le bas, elle se serait avancée, ici où là. La notion de rythme lui étant particulièrement inconnue, elle se serait contentée de se mouvoir dans une espèce de transe anormale, pour se réchauffer. Le courage manquant à l’appel, elle reste échouée. Les bâillements redoublent, à mesure que la nuit avance. Les mains enfoncées au fond de ses poches pour réchauffer ses bouts de doigts frigorifiés, elle ne prend pas la peine de mettre la main devant la bouche.
Allongée sur son banc, elle n’a plus aucune conscience du monde qui l’entoure. La musique pour unique compagne, elle se laisse aller, les yeux clos, la bouche entrouverte. L’air est glacial et enveloppe tout son être à mesure que celui-ci sombre. Si le poids de la fatigue ne pesait pas si lourd sur ses frêles épaules, si ses paupières ne tiraient pas tant vers le bas, elle se serait avancée, ici où là. La notion de rythme lui étant particulièrement inconnue, elle se serait contentée de se mouvoir dans une espèce de transe anormale, pour se réchauffer. Le courage manquant à l’appel, elle reste échouée. Les bâillements redoublent, à mesure que la nuit avance. Les mains enfoncées au fond de ses poches pour réchauffer ses bouts de doigts frigorifiés, elle ne prend pas la peine de mettre la main devant la bouche.
Le temps glisse sur sa peau. La nuit est tranquille, presque amicale, et elle le regrette. Elle aurait aimé qu’au froid ambiant, se mêlent quelques gouttes de pluies. Pouvoir sentir l’humidité se répandre, délicatement, un peu partout. Mais le ciel n'a pas l’air de vouloir se décider et, pourtant, ce n’est pas faute de l’implorer. La déception est grande. Elle aurait tant voulu s’oublier dans la valse pluvieuse et pouvoir mettre au placard, l’espace d’un instant, ces battements de cœur qui emplissent sa vie et que la musique même n’arrive pas à faire taire. Elle aurait souhaité que la pluie vienne soulager ce corps un peu trop abîmé, à force de ployer sous cet air lourd de souvenirs.
Elle, c'est Moi.